« Joseph Marie TERRAY du siècle des lumières aux ténèbres du tombeau »
était le thème de la visite – conférence devant son tombeau,
ce 18 juillet à 16 heures à La Motte Tilly,
organisée par
« Valorisation et Défense du Patrimoine de La Motte Tilly et du Nogentais »
Pour commencer, arrêtons nous un moment sur ce tableau d’Alexandre ROSLIN le représentant :
Il porte fièrement la « Croix de Saint Esprit », le plus noble des ordres de chevalerie, créé par Henri III et dont la direction est réservée au ROI. Il en fut le greffier.
Le costume rappelle celui des ecclésiastiques, qu’il n’est pas en réalité, étant Abbé « Commanditaire » (*).
A la main, un billet du Roi. Derrière lui le dossier lui confiant sa charge.
Ce tableau est actuellement dans la collection du château de Versailles.
Puis, regardons sa demeure de La Motte Tilly, un élégant château pur XVIIIe qui impose par son élégance …
Le tableau est parfait. Notre personnage s’impose.
Mais qui « diable » était le Seigneur de La Motte Tilly au XVIIIe siècle ?
Un Seigneur aimé et respecté ?
Certes non.
Ce fut l’individu de plus détesté de son temps et par toutes les classes de la société.
A tort ou à raison ?
Le peuple le désigna fort peu respectueusement comme « Etalon des putains et bourreau des Français« .
Le propos est certainement outrancier, mais le ton est donné pour notre récit et pour ouvrir le débat !
Tâchons donc de rétablir la vérité entre les écrits de Coquelin qui écrivit « Les Mémoires de M.L’abbé TERRAI (« I ») Contrôleur Général, contenant sa vis, son administration, ses intrigues et sa chute »
et le livre de notre contemporain, Pierre TERRAY, rétablissant dans son contexte les aspects plus brillants de son ancêtre.
Ministre du Roi Louis XV, Contrôleur Général des finances, Joseph Marie TERRAY imposa avec peu d’empathie une réforme fiscale destinée à remplir les caisses vides du Royaume.
Ses réformes on un goût d’actualité, car il inventa quelque part des dispositifs créant l’impôt sur le revenu, mais aussi des dispositifs proches de l’actuel IFI, tout en menant une « réforme des retraites ». Mais aussi de faire de la France, comme aujourd’hui, le pays à la fiscalité la plus importante. Quelle actualité …
Le côté positif de ses réformes était qu’avec le « vingtième » il généralisera un impôt égalitaire sur le revenu. Un 20e, soit un 5e du revenu ce n’est pas rien. Et en cumulant toutes ses trouvailles additionnelles en matière de fiscalité, cela pouvait arriver à près de la moitié du revenu. On est pas loin de la fiscalité sur nos riches actuels.
Il n’épargna personne, ni ses pairs et toute la noblesse, ni le peuple, ni le clergé, ni les militaires pour lesquels il disait que l’honneur de servir la France et le Roi était une « gratification » bien suffisante.
On dira aussi qu’il s’enrichît personnellement sur le commerce des grains en créant une famine qui conduit aux premières émeutes annonciatrices de la Révolution de 1789 à Paris.
Pierre TERRAY dans son ouvrage paru récemment indique, quand à lui, que sa fortune personnelle lui permettait de ne pas abuser de sa situation.
En effet, son oncle, médecin de la princesse Palatine, s’était ainsi enrichi mais aussi avec les Law et Joseph Marie en hérita.
Son père quant à lui avait déjà un pied dans la fiscalité de l’époque en tant que directeur des Gabelles à Lyon.
Protégé de Madame la comtesse de Pompadour, maîtresse du Roi et de Madame la comtesse DUBARRY, favorite du Roi, il eût quelques privilèges à la Cour.
La France, ruinée par le train de vie du Roi Soleil, par les nombreuses guerres, dont la guerre de sept ans (la vraie première guerre mondiale bien avant 14-18) avait bien besoin de l’Abbé Terray pour remplir ses caisses « à tout prix » et avec parfois quelques anecdotes au vitriol.
Le roi demandant à Joseph Marie comment il trouvât les noces du Dauphin, répondit :
« Impayables Sire ! »
Au propre et au figuré d’ailleurs puisque personne ne fut payé.
Au regard de son dévouement au Roi, il ne faisait donc que ce pourquoi il avait été nommé.
Il le fit formidablement bien dans le fond, mais épouvantablement mal dans la forme, ce qui lui valut toute cette détestation.
Joseph Marie était aussi un coquin…
Ce personnage aux moeurs légères invitait puis entraînait ses conquêtes dans les chambres de son château pour satisfaire son insatiable appétit de la gent féminine.
Dans le boudoir du château de La Motte Tilly, cette gravure illustre bien le rôle de cette petite pièce et de sa porte dérobée.
Après les avoir séduites, il en profitait aussi parfois pour les former aux intrigues de la cour et à alimenter son réseau d’informations.
Diable, l’Abbé TERRAY avait son côté « Bureau des Légendes » !
Le château de La Motte Tilly qu’il construisit afin d’avoir, en pleine campagne Mottoise, une maison de campagne lui permettant en été d’échapper à la vie à la Cour pour se divertir de mille manières.
Ce fut aussi son dernier refuge avant de rentrer mourrir à Paris.
Repose-t il à présent en paix dans son tombeau en l’église Saint Pierre et Saint Paul de La Motte Tilly ?
Qui sait ?
A moins que les révolutionnaires de La Motte ne lui aient réservé un sort plus funeste pour le punir d’avoir été « Le bourreau des Français » et d’être mort avant d’être guillotiné par la Révolution ?
(*) Bien que nommé « Abbé », il ne fut pas un écclésiastique, loin de là. Il fit bien un peu de Séminaire dans son jeune âge et reçut la tonsure de diacre (non visible sous sa perruque) mais nourrissait une détestation pour le clergé, qu’il lui fît bien payer. On appelait « Abbé » les commandataires chargés de gérer les riches abbayes notamment.
Là encore reconnaissons Joseph Marie dans son rôle avec l’église : Une belle source de revenus pour son Roi.
Si vous avez manqué cette conférence visite, sachez qu’il y en aura d’autres, compte tenu du sujet « coeur de cible » de notre action.
Aussi pour partager des pages du livre que nous a dédicacé Pierre Terray sur « oles 5 premiers siècles d’histoire » de sa famille.
Ce merveilleux ouvrage, extrêmement bien détaillé et documenté n’étant pas disponible à la vente, nous en partagerons ensemble les bonnes pages dans nos prochaines éditions.
Pour tenter aussi de faire avancer la restauration du tombeau (Pris en charge à 80% par les subventions) pour laquelle nous pressons la commune de finaliser le dossier à la DRAC.
Saluons dans l’auditoire, la présence de nos associations amies, notamment la CSVPN en la personne de son Président, Monsieur Gérard ANCELIN, Vice-Président du Conseil Départemental de l’Aube, ancien Maire de Nogent Sur Seine. Monsieur Claude RONDONI, Président de l’Association des Amis du Château, Madame la Vice Présidente, et les représentants de la presse locale.
Ce sujet « Joseph Marie TERRAY du siècle des lumières aux ténèbres » à La Motte Tilly sera aussi l’occasion de l’édition d’un livret largement documenté et illustré avant la fin de l’année.
Etant dans une logique de bénévolat total, ce livret sera disponible gratuitement à tous nos abonnés, en format numérique, mais aussi en impression brochée et reliée comme nos précédentes éditions (livret sur l’Église de La Motte Tilly de Franck Gérard et tous les anciens numéros de la « Gazette de Tilly ») dont les auteurs et éditeurs détiennent respectivement les droits.
Pour la restauration du tombeau de l’Abbé Terray, nous recommandons aux donateurs éventuels de verser les dons soit à la Sauvegarde de l’Art Français, soit à la commune de La Motte Tilly en précisant bien que ce don est destiné à la restauration du tombeau.
La prochaine conférence / visite expérientielle sur l’Abbé TERRAY vous sera annoncée sur ce site web et dans le prochain numéro des « Brèves du Patrimoine » à paraître prochainement.
Jazz Band Ball à La Motte Tilly
La Nouvelle Orleans et sa tradition d’orchestres de rue pour tous les évènements de la vie : Anniversaires, célébrations, mariages, obsèques.
Le Samedi 22 Août à 16 heures place de l’église à La Motte Tilly
L’orchestre de Philippe Gibrat viendra égayer les rues de La Motte Tilly pour terminer par un mini concert de 40 minutes sur la place de l’église.
Venez nombreux, ce concert est gratuit et tout le monde est bénévole.
Vous avez même le droit de diner comme dans les vrais Jazz Band Ball !
Oh when the Saints go marchin’in !